lundi 21 juin 2010

19 et 20 juin sur la Bonnie

Nous n’avions pas participé au tirage d’automne pour pêcher dans les secteurs contingentés de la Bonaventure mais le hasard devait nous favoriser et nous permettre de pêcher le secteur B de la Bonnie, secteur que nous connaissons et apprécions particulièrement.

Dans les jours précédant la fin de semaine du 19 juin, nous recevons un appel d’un gagnant de deux jours de pêche dans le secteur B nous offrant une perche car son compagnon ne pouvait se présenter. J’ai donc désigné ma blonde comme accompagnatrice pour les deux journées et j’allais me charger de faire les photos. Suite à cet appel, j’ai aussi mis une carte pour participer au tirage du dimanche 20 juin et, à ma grande surprise,la chance m’a souri.

Une visite de reconnaissance avait été effectuée la veille dans le secteur B et le niveau d’eau était bien pour retenir les poissons. Nous avions vu quelques canots sur les fosses mais n’avions assisté à aucune capture de saumon. Samedi matin, lever vers 04:15 heures (ouch!) pour être sur la rivière à 6 heures au plus tard. Il avait été convenu de débuter par la fosse Grassy . Pendant qu’Alain G. et Jo patrouillaient le secteur prometteur, je me suis amusé à photographier un chevalier grivelé et sa dame qui n’aimaient pas me voir approcher d’une zone ou se cachait probablement leur nid.






La fosse Grassy n’ayant pas donné de résultats, nous nous sommes dirigés par la suite à Upper Rock où Alain G. a fait la première passe qui devait s’avérer négative. Jo n’avait pas fait une dizaine de lancers dans la fosse qu’elle se bagarrait déjà avec un saumon estimé à 10-12 livres.




Les dix minutes qui suivirent furent intenses. Après quelques minutes de combat et une course effrénée du saumon, elle réalise que quelque chose ne va plus au niveau du moulinet. Plus aucune tension et la bobine qui vire subitement à l’envers légèrement exorbité de son pivot tout en faisant une superbe perruque avec la soie. Alain G. décide de venir à la rescousse en tenant la canne pendant que Jo tient la bobine du moulinet dans ses mains et procède à un détricotage en règle. Des minutes savoureuses pour le photographe qui immortalise la scène. Le saumon pendant ce temps est très docile car nos deux pêcheurs font tout en leur pouvoir pour ne pas le forcer. Après quelques minutes de mécanique, la bobine est remise en place mais le problème persiste toujours car il n’y a plus de tension. Salar est toujours au bout de la ligne et Jo tente tant bien que mal de le ramener pour récupérer sa Green Machine attachée sur un hameçon CS42 #6. Le saumon se libérera finalement de la mouche après une bataille d’une quinzaine de minutes.





La rotation reprend, Alain G. parcoure la fosse enthousiasmé par la confirmation de la présence et de l’agressivité de salar. Pendant ce temps, je jette un coup d’œil au moulinet fautif et nous découvrons la cause du mauvais fonctionnement, la vis de plastique qui se trouve à l’intérieur du corps du moulinet s’était malheureusement dévissée au fil des excursions de pêche (il faut dire que la mécanique n’est pas la passion première de ma blonde). Elle retourne à son tour à la fosse et encore une fois après quelques lancers est au prise avec un saumon supérieur en poids au premier combattant. Salar, piqué vers le centre de la fosse, se dirige vers le haut formant un « U » dans la soie et saute à la tête du rapide. Aussitôt cette pirouette effectuée, il repart à toute vitesse vers l’aval et une distance de plus de deux cent cinquante pieds sépare maintenant nos deux antagonistes. Le moulinet tient le coup et fonctionne maintenant normalement mais la confiance en celui-ci n’est pas totalement rétablie. Une course sur les roches en bordure mènera ma blonde à la fosse Félix à quelques centaines de mètres en aval d’Upper Rock. La bataille semble finalement gagnée après avoir pu éviter que l’avançon se prenne dans une grosse branche coincée dans le fond de la rivière et qui émerge de deux pieds à la surface de l’eau. Salar n’a toutefois pas dit son dernier mot, au moment où la confiance est à son meilleur de pouvoir enfin le maîtriser et le saisir par la queue, celui-ci s’éloigne du rivage et l’avançon frotte sur une roche aux angles aigus et tranchants coupant le lien qui le relie à la pêcheuse, adieu Green Machine (de nouveau la même mouche) et espoir d’une photo rapide. Ce ne sera que partie remise.



Dimanche le 20 juin, je pourrai enfin pêcher dans le secteur B. Comme elle avait eu deux saumons sur la ligne à Upper Rock, elle pêchera à Salmon pendant qu’Alain G. et moi tenterons notre chance à Upper Rock vu l’action de la veille. Je laisse mon partenaire de pêche faire la première rotation et rien ne se passe, j’y vais à mon tour et toujours rien. Alain G. y retourne de nouveau et tout à coup, BANG ! Salar s’est emparé de la mouche. Alain G. est tout sourire mais en même temps soucieux de ne pas faire d’erreurs conscient du duel maintenant engagé. Tout va bien même si le saumon lui paie la traite et se dirige hors fosse vers la même zone en aval où le saumon de Jo nous avait donné du fil à retordre la veille. Je courre chercher mon appareil photo et suit Alain G. qui mouline pour récupérer la ligne de réserve. Toujours cette fichue branche qui sort de l’eau et vient ajouter au défi mais Alain G. manœuvre bien et évite les pièges. Après une dizaine de minutes, je peux saisir l’avançon et agripper la queue d’un superbe saumon tout juste arrivé de la mer. On procède à une séance photo expéditive et Alain G. redonne fièrement la liberté à son saumon. Mission accomplie pour lui et moi, il ne me reste plus qu’à faire de mon mieux pour leurrer l’objet de notre convoitise.






Pendant que Jo pêche toute seule à sa fosse préférée du secteur B (Salmon), je continue à changer de mouche pour connaître enfin ces minutes d’adrénaline où salar est sous notre contrôle mais nous crée toujours des tensions en y allant de tous ses moyens pour regagner sa liberté. Comme Alain G. avait capturé son saumon avec une mouche de couleur verte, j’en attache une semblable mais avec une touche de blanc et garnie de quelques brins de Krystal Flash. Cela sera payant, même manège que les autres, le saumon qui fait dans les 12-15 livres prend le même chemin que ses prédécesseurs et la course folle se termine à Félix, après une quinzaine de minutes de bataille et le bris (eh oui, encore) de ma canne près du joint de raccordement, Alain G. saisit le saumon par la queue et nous le libérons sans prise de photos.

Jo vient ensuite nous rejoindre pour le repas du midi de même que le guide Claude Bernard, son client et le peintre Andrew Giffin. Pendant le lunch, Jo remarque un saumon sauteur à Félix, ce sera mon défi de l’après-midi. Tel que prévu au départ, Alain G. doit maintenant nous quitter pour une réunion familiale. Ce fut un très bon compagnon de pêche, bien « drillé » par notre ami Syomga du Forum Québec Pêche. Il nous fera toujours plaisir de faire nager nos mouches dans les mêmes eaux que ce gentilhomme.

Le repas terminé, Claude Bernard et ses deux passagers sont partis explorer le secteur aval avec succès pendant que Jo retournait à Salmon et que je m’amusais à Félix.

Après une heure de pataugeage dans les cailloux, je suis descendu par le rivage à Salmon ou Glen Harrison (qui travaille maintenant avec Steve Bujold) et ses deux clients américains exploraient la fosse. Ma blonde assise à la table à pique-nique regardait les pêcheurs manier leur canne Spey avec adresse. Elle me dit « les gars ont pris un beau saumon tout à l’heure, j’ai pris des photos » Elle me tend son appareil photo et au visionnement, je réalise qu’elle m’a fait marcher, ce n’est pas un des clients de Glen qui a pris le poisson mais elle et croyez le ou non, encore avec une Green Machine mais cette fois-ci en version mini. Les gars surpris de voir une femme seule sans assistance aux prises avec salar lui ont offert leur aide. Glen a puisé le saumon pendant qu’un des américains faisait figure de photographe officiel.









Nous sommes restés quelques minutes à la table à les regarder pêcher et avons convenu de retourner au chalet. Avec chacun un saumon, la journée était complète. Tous les pêcheurs que nous avons vu cette journée là avaient pris un ou deux saumons, la rivière est en feu, je n’ai pas souvenir d’avoir vu tant de saumons à cette date. Ceux qui arrivent à Bonaventure actuellement ont des heures de plaisir en perspective.