lundi 12 février 2007

Pêche aux "petits poissons des chenaux"

Chaque année, vers la Noël, a lieu sur la Rivière Ste-Anne qui se jette dans le fleuve St-Laurent à la hauteur du petit village de Ste-Anne de la Pérade, une des plus importantes migrations de poissons du Québec. Dès que les froids intenses rendent possible la prise des glaces sur la rivière, les pourvoyeurs installent leurs petites cabanes sur la glace et un petit village dans le village commence à s'animer.

Cette tradition a vu le jour en 1938, il était alors d'usage de couper de gros blocs de glace sur la rivière pour conserver les aliments périssables. Un des ouvriers s'aperçût alors que des poissons s'animaient sur le fond sablonneux et à partir de ce moment, la nouvelle à fait boule de neige.

Ce petit poisson communément appelé "petit poisson des chenaux" se nomme poulamon et mesure généralement entre 15 et 20 cm et rarement 45 cm. Il vit de 3 à 8 ans, pond en moyenne environ 7000 oeufs entre les mois de novembre à février. Sa population nord atlantique est estimée à environ un demi-milliard d'individus et chaque année, il s'en pêche entre trois et quatre millions.

Donc mardi dernier, malgré la fin de la saison du poulamon, Jo et moi décidons de profiter de la belle journée et nous rendre à Ste-Anne de la Pérade pour y pêcher. Une descente est aménagée pour que nous puissions nous rendre sur la glace avec notre véhicule, nous nous y engageons donc et nous dirigeons vers le bureau du pourvoyeur. À notre arrivée, la préposée nous avise que la qualité de pêche s'est effondrée la fin de semaine précédente. Comme il s'agit de poissons en migration, cela nous laisse présager une journée tranquille côté activité. Nous prenons possession tout de même d'une cabane qui nous est assignée près de la rive.

Dans chacune des cabanes se trouve un petit poêle au bois rudimentaire communément appelé truie, le premier réflexe à l'entrée dans la cabane est de faire une attisée pour casser l'humidité qui y règne. Sur un côté de la cabane, il y a un orifice dans le plancher qui se situe au dessus du trou dans la glace. Les lignes (une bonne vingtaine) sont suspendues au dessus ce celui-ci et on appâte celles-ci avec du foie ou des crevettes.

Nous resterons dans la première cabane allouée une bonne heure et demie mais devrons demander de nous réaffecter une autre cabane, nous connaissons un problème qui ne nous donne aucune chance de capturer des poissons, en effet, le frasil est si intense qu'il forme un tapis impénétrable de cinq pieds d'épaisseur ne nous permettant pas de descendre nos leurres au fond de la rivière.

Donc, après avoir déménagé dans un autre secteur plus près du centre de la rivière. Nous sommes plus optimistes qu'à notre arrivée mais le temps nous dira que la pêche ne sera pas vraiment meilleure, en effet, après six heures de pêche durant lesquelles Jo s'est fait un devoir de changer le foie à toutes les quinze minutes afin que les offrandes soient plus tentantes pour les petits poissons, seulement deux poissons auront succombé à la tentation de morde à l'hameçon. Peut-être n'étions nous pas dans le courant principal de migration car à la cabane d'à côté, pourtant située à seulement une trentaine de pieds de la notre, un type y a capturé une cinquantaine de poulamon pour une période de pêche similaire à la notre.

Nous y retournerons probablement l'an prochain mais devancerons notre visite au mois de janvier, question de mettre les chances de notre côté. Même si le résultat n'est pas des plus enchanteurs, c'est avec le sourire que nous reviendrons à la maison. Le fait de s'être trempé dans une ambiance inhabituelle, de sentir la boucane et d'avoir profité d'une belle journée d'hiver sur la rivière gelée, nous procurait une sensation de bonheur. Il faut savoir profiter des beaux moments de la vie, celle-ci passe malheureusement à la vitesse des comètes.